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||| Le Matin d'Anvers : Sous le signe du conflit linguistique (introduction) |||

Le Matin d'Anvers

La Belgique a, depuis son origine constitutionnelle, été constamment divisée sur une base linguistique. Le début de l’inépuisable contentieux qui pourrit l’ambiance entre citoyens francophones et citoyens néerlandophones ne date pas d’hier. Parce que ces deux communautés, au fil du temps, ont largement démontré, spécialement par la voix de leurs médias et par celle de leurs hommes politiques, une incapacité à gérer cette subtile situation de coexistence. Le fait de vivre ensemble sans trop de heurts est devenu une impossibilité pratique. Et l’existence concrète de la frontière linguistique constitue par excellence le fruit, contaminé par des haines politiciennes, de ce clivage ridicule entre deux peuples. Ceux-ci devraient au contraire s’alimenter à la table de leurs richesses respectives, à travers une conjugaison sans fautes de leurs efforts et de leurs mentalités.

Dans ce contexte, le regard sur le quotidien francophone anversois Le Matin qui est présenté ci-après cherche à composer une illustration subsidiaire mais intéressante à cet éternel conflit linguistique. Un conflit linguistique qui, soit dit en passant, a engendré presque à lui seul le processus de désintégration qui ne cesse, par les temps qui courent, de menacer notre pays.

C’est pourquoi Le Matin incarne, pour l’occasion, la substantifique moelle de cet ouvrage. Parce que ce journal libéral est resté tout au long de son existence une véritable citadelle francophile implantée en pays flamand. Son credo ? Défendre la minorité anversoise attachée à la langue française, en tentant de démontrer la légitimité de son statut protégé et en condamnant toute atteinte à sa liberté de choix linguistique, prérogative de l’individu.

N’empêche que les cartes distribuées par l’histoire aux protagonistes de cette lutte d’influence linguistique sont faussées dès le commencement. Car cette caste dont Le Matin devient l’organe privilégié forme également une classe sociale distincte, la haute bourgeoisie, pour qui l’usage de la langue française sert à se démarquer du petit peuple. Dès lors, on peut estimer que le combat de la feuille francophone en faveur du maintien du bilinguisme à Anvers et, plus généralement, en Flandre nage à contre-courant de la volonté de la majorité de la population, d’expression flamande. Ce combat se pose véritablement en opposition à l’évolution logique de ces régions.

Toujours est-il qu’avec du recul, on constate que face à l’unilinguisme régional obtenu grâce au compromis et à la force du nombre par le mouvement flamand, la presse francophone de Flandre a semblé plutôt désarmée. La déchéance et la disparition du Matin (et celles des autres quotidiens francophones du pays flamand) en témoigne du reste suffisamment. Bien que cette disparition a également été facilitée par une conjoncture économique difficile à laquelle le monde de la presse belge était déjà confronté.

Par ailleurs, signalons quelques précisions en ce qui concerne l’élaboration matérielle de ce travail. L’approche méthodologique choisie se présente sous la forme d’une étude diachronique effectuée en regard du contexte historique. Car ce type de démarche se prête davantage à une analyse vivante du sujet, nécessaire lorsque l’on traite d’une histoire riche en rebondissements comme celle du Matin. Aussi, sans prétendre à l’exhaustivité, ce mémoire se veut-il une esquisse expressive et assez complète de l’existence d’un quotidien né sous le signe du conflit linguistique et qui a marqué l’histoire de la presse anversoise.

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