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||| Le Matin d'Anvers : V. Nouveau coup d’arrêt (1940-1944) |||

Le Matin d'Anvers
Le Matin face à la deuxième guerre mondiale

Si la loyauté des collaborateurs du Matin, qui s’avère encore lors de ce second coup d’arrêt imposé, paraît similaire à celle du premier écueil militaire qui s’est dressé sur sa route, le contexte politique et économique dans lequel se situe le journal semble très différent. Effectivement, tandis que la première guerre mondiale est survenue dans une période glorieuse de plein essor, la seconde éclate au moment où certains doutes naissent. Des doutes liés aux menaces désormais tangibles qui pèsent sur la minorité francophone d’Anvers, le lectorat visé. Le second conflit universel tombe donc à un bien mauvais moment qui est celui de l’apparition d’une crainte neuve. Car les dirigeants du Matin s’imaginent sans doute que leur publication est devenue la cible d’une véritable bombe linguistique à retardement...

Pourtant, quand la guerre s’abat pour la seconde fois sur les provinces belges, le 10 mai 1940, les responsables de la feuille francophone n’hésitent pas. Ils prennent leurs responsabilités et dénoncent le nouveau crime allemand. De fait, la publication du quotidien se déroule, comme lors du premier conflit, jusqu’à l’extrême limite. Le dernier numéro sort de presse à l’aurore du 17 mai 1940, c’est-à-dire la veille de l’entrée des Allemands abhorrés à Anvers.

Le Matin, afin de ne pas paraître sous la férule de l’occupant, observe alors le silence durant quatre longues années. Cette période est mise à profit par certains pour militer dans les rangs de la résistance et par d’autres pour épauler le camouflage des préparatifs effectués par le directeur Paul de Cauwer. Celui-ci est avide de réimprimer son journal dès que possible pour reprendre le "combat" linguistique national auprès des fransquillons anversois et tenter de la sorte d’éloigner le spectre d’une possible disparition. Paul de Cauwer parvient ainsi, au nez et à la barbe des occupants, à préserver de la réquisition et du pillage une partie des éléments indispensables de l’équipement typographique ainsi qu’une précieuse réserve de papier, dissimulée astucieusement derrière un mur. Quelques ouvriers dévoués (à la tête desquels on trouve le concierge Victor Lathouwer, le chef linotypiste Charles Schillemans, le secrétaire de rédaction René Van der Schoepen ou encore le chef clicheur Stan Van den Wijngaert) l’assistent dans cette opération.

Mais la guerre épouse aussi une dimension plus douloureuse pour le quotidien anversois : Félix de Roy, le rédacteur en chef des années d’avant-guerre, y laisse en effet la vie.

Le Matin reparaît le 5 septembre 1944, le jour même de la libération d’Anvers. Cette victoire de la volonté ne va cependant pas sans quelques désagréments : les approvisionnements en papier ne sont pas assurés et, par ailleurs, les derniers îlots de résistance allemands ne sont pas encore réduits. Malgré tout, la remise en marche des linotypes et d’une rotative permet de concrétiser un désir de renaissance. Le Matin, techniquement imparfait et chichement imprimé (quatre pages au grand maximum et un format parfois "fantaisiste"), effectue son grand retour sur la scène médiatique anversoise. Il y gagne le titre honorifique de premier quotidien à reprendre les éditions de nuit. Dès cette reprise, la lutte demeure incessante. Le journal est publié courageusement, jour après jour, sous le bombardement des canons allemands de la rive gauche dans un premier temps, puis sous la pluie des fusées V1 et V2. Un soir, le 14 décembre 1944, un V2 tombe du reste fort près. Cependant, même si la Vieille Bourse est ébranlée, que pas un carreau ne résiste, que les toits sont soulevés et les murs crevassés, le journal va sortir de presse, comme d’habitude. Voilà un fait qui illustre bien l’estimable mais téméraire appétit de résurrection du Matin !

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