Parce quun journal est avant tout une entreprise, on doit sattarder sur lévolution de quelques variables commerciales significatives. A ce niveau, le tirage, la diffusion ou laudience constituent autant de paramètres qui conditionnent et expriment la santé économique dune entreprise de presse. Le tableau A reprend donc lévolution de ces variables (dans la mesure des données disponibles) pour Le Matin, à travers le temps. Quant au tableau B, il sattarde davantage sur la répartition sociologique et géographique des lecteurs du Matin. Il ne faut cependant pas prendre ces chiffres pour argent comptant, car il ne sagit souvent que de déclarations de léditeur ou destimations. La réalité se trouve donc parfois ailleurs. Les éditeurs ont en effet tendance à gonfler artificiellement le tirage de leurs publications et à manipuler à leur guise le type sociologique de leur audience. Ils espèrent, par ce biais, attirer une certaine catégorie dannonceurs en déclarant de fausses vérités sur limportance et le genre de leur public.
Ce tableau A engendre quelques constations. Dabord, il démontre le bon départ pris par Le Matin avant la première guerre mondiale : un tirage de 15000 exemplaires semble en effet un assez bon résultat pour lépoque.
Ensuite, on perçoit une nette augmentation dans les estimations entre 1935 (15000 ex.) et 1936 (20 à 30000 ex.). La disparition du Neptune, un concurrent direct à fort tirage (25000 exemplaires estimés en 1935) apparaît comme une explication plausible à ce phénomène. Car on imagine mal Le Matin ne pas profiter de cette disparition pour récupérer un paquet de lecteurs. Quant aux déclarations déditeur de 1949 (35000 ex.) et 1953 (43000 ex.), elles sont sans doute un peu surévaluées. Il faut plutôt se tourner vers lestimation du C.R.I.S.P. de 1958 pour trouver une fourchette de tirage plus réaliste (15 à 25000 ex.). Mais cest en 1962 quon perçoit un premier tournant. Les éditeurs, dhabitude si prompts à gonfler leurs chiffres, avouent cette fois une légère baisse au niveau du tirage. Les effets de la flamandisation commencent vraiment à se faire sentir à cette époque et la S.A.B.E.D. ne peut plus masquer ce fait indéfiniment.
A partir de 1964, les données du tableau se rapportent aux trois derniers quotidiens francophones de Flandre, considérés collectivement. Là, une conclusion simpose : sur base de son tirage (25000 exemplaires déclarés par léditeur, voire 19000 exemplaires le mercredi signalés par OFADI), cette type de presse particulier est en mauvaise posture. En guise de comparaison, le seul Matin tirait plus en 1936 !
Cette déchéance se poursuit par la suite. Les éditeurs ne paraissent plus vouloir la cacher sérieusement. Effectivement, ils admettent une nouvelle chute dès 1969 (14300 ex.). Une chute qui est également sensible sur le plan de la diffusion payante des trois quotidiens publiés par Sobeledip (22215 numéros déclarés par léditeur en 1961 contre 9000 à 11000 en 1970). Sur base dune conversation avec un responsable du groupe Rossel, René Campé rapporte même pour 1972 un tirage dà peine 8000 exemplaires. Ce total semble loin du minimum théorique (un tirage dau moins 30000 exemplaires) qui permet à un journal de vivre sans soucis exagérés...
Sur le plan de laudience estimée, un seul point significatif mérite dêtre soulevé : les quotidiens Sobeledip, avec moins de 33000 lecteurs en 1972, représentent le chiffre le plus bas de la presse belge !
Enfin, il faut dire un mot sur la place de labonnement dans la diffusion de la presse francophone de Flandre. Cette place paraît prépondérante puisquun pourcentage vraisemblable de 67 % dabonnements est sérieusement avancé. La prédominance de labonnement est sûrement une caractéristique de ce type de journalisme vieillot qui ne se prête pas au coup de coeur et se base davantage sur la fidélité présumée de ses lecteurs.
Pour être complet, signalons aussi lexistence, à partir de 1961, dune édition spéciale de La Métropole le mercredi. On peut ainsi, éventuellement, ajouter dès 1965 son tirage aux chiffres globaux attribués le mercredi à Sobeledip par le CIM (Centre dInformation sur les Médias) ou lOFADI (Office dAnalyse de la Diffusion Publicitaire). Cette édition hebdomadaire de La Métropole renferme une haute teneur publicitaire. Elle comprend six pages consacrées à la vie économique dAnvers et du pays tout entier. Elle est distribuée gratuitement à un public sélectionné sur base de son pouvoir dachat et de son intérêt potentiel pour les problèmes économiques, financiers et portuaires. Cette stratégie dentreprise intéressante a cependant le défaut de ressembler plus à une campagne publicitaire quà un souci dinformation sérieuse.
Le tableau B permet de faire concrètement le point sur le profil sociologique et géographique du lecteur du Matin. On constate que celui-ci reste lu essentiellement à Anvers durant une grosse partie de la période couverte par le tableau (75 % en 1958 ; 80,5 % en 1964). Ce fait est logique puisque Le Matin, depuis sa fondation, joue beaucoup sur linformation et le ton spécifiques à la métropole.
Pourtant, dès 1965, la répartition change quelque peu avec une baisse dimportance de la province dAnvers dans lapprovisionnement en fidèles (37,5 % en 1965 et même 22,15 % en 1973). Mais il ne sagit évidemment que de chiffres généraux incluant les trois quotidiens de Sobeledip, dont lun se situe à Gand (ce qui explique le développement du pourcentage des Flandres dans le tableau). La comparaison entre les deux périodes apparaît donc difficile, dautant plus que toutes ces données émanent de léditeur. Un éditeur qui, avec la création de Sobeledip puis labsorption par Rossel, espère certainement déménager son centre de gravité en terre bruxelloise et attirer dautres annonceurs (doù la montée en puissance du Brabant avec 46,35 % en 1970). Quant à René Campé, il juge quune proportion approximative de deux tiers de lecteurs à Anvers et un tiers de lecteurs à Gand (pour Sobeledip) est bien plus réaliste...
Au niveau de la répartition sociologique, une intuition née du type de publicité rencontré dans les pages du Matin savère. La classe moyenne et la haute bourgeoisie demeurent, même dans les chiffres, les deux principales cibles du journal anversois. On retrouve ces deux classes, dans des proportions différentes, sur toute la surface du tableau. Sans doute peut-on indiquer que la classe dite "laborieuse" lit aussi Le Matin, mais cela reste relativement mince (25 % en 1961 ; 22,3 % en 1966).
En 1965, les responsables de Sobeledip déclarent 91,9 % de lecteurs appartenant à une classe très aisée (dite classe A). Néanmoins, on peut légitimement douter de cette évaluation qui joue plutôt un rôle dappât pour les annonceurs de luxe.
En définitive, les chiffres les plus réalistes proviennent dune estimation du C.E.B.S.P. (Centre dEtude Belge des Supports de Publicité) effectuée en 1966. En se basant sur une approche davantage objective que les classiques déclarations déditeur, ce centre détude a justement apprécié le type sociologique du lecteur du Matin. Un équilibre de 12,6 % de lecteurs issus de la haute bourgeoisie, de 65,1 % issus de la classe moyenne et de 22,3 % de petits salariés semble en effet se rapprocher de la vérité.
Le tableau qui suit renferme les évolutions du Matin en ce qui concerne le format, la surface imprimée, le nombre de colonnes, le prix au numéro et le nombre de pages en semaine et le dimanche. Sur ce tout dernier point, il est utile de rappeler que Le Matin ne sort plus de presse que six fois par semaine après la deuxième guerre mondiale. Les chiffres de la dernière colonne se rapportent donc, pour la période courant de 1944 à 1974, au nombre de pages pour lédition du week-end.
Par ailleurs, les données du tableau signalées en gras indiquent un changement par rapport à la période précédente.
Les données reprises dans le tableau ci-après semblent assez significatives. Elles permettent notamment de comparer la santé économique du Matin à différents moments. Effectivement, une rédaction peu fournie en regard des besoins de lépoque suppose une richesse moindre, au sens propre comme au sens figuré. Car, primo, un quotidien pourvu dune poignée de journalistes na pas la capacité de suivre linformation daussi près quun journal dont les bureaux rédactionnels sont bien remplis. Et, secundo, lincapacité de rétribuer à temps plein un nombre suffisant de rédacteurs pour coller à lactualité reste une des marques distinctives des gazettes de province à petit budget.
Au vu de ces chiffres, on peut déterminer que la période la plus faste de la rédaction du Matin semble se situer de sa naissance à la deuxième guerre mondiale. Le journal, durant cette période, ne manque pas dengager un nombre impressionnant de rédacteurs. La progression quantitative par rapport aux débuts du journal est marquante : de onze journalistes au total en 1904 jusquà trente-six en 1929-1930. Le Matin nest pas encore dépassé par les événements. Il a les moyens de répondre à lévolution des médias écrits en demeurant proche de lactualité.
Cest après la deuxième guerre mondiale, et plus précisément dans les années 50, quon assiste au déclin du journal à ce niveau. Ce phénomène est perceptible dans les chiffres du tableau : on passe de dix-huit rédacteurs "temps plein" en 1949-1950 à onze rédacteurs "temps plein" en 1957-1958. Etant donné la basse conjoncture où étouffe le quotidien libéral, les dirigeants sont obligés de comprimer les coûts en dégraissant la masse salariale. Ils tentent de compenser cet état de fait en sassurant davantage de collaborations occasionnelles (dix-neuf en 1957-1958). Mais cette politique ne peut bien sûr être mise en oeuvre quau détriment dun suivi journalistique pointu.
Par après, le nombre total de journalistes au Matin continue de diminuer (seize au total en 1963). Ce qui est logique : le journal anversois se porte en effet de plus en plus mal. La création de Sobeledip, puis le passage dans lécurie Rossel narrangent pas les choses. Bien au contraire : de compression des coûts en compression des coûts, il ne reste plus que douze journalistes en 1970. A fortiori, la moitié de ces effectifs est attachée à une rédaction bruxelloise commune au Matin, à La Flandre Libérale et à La Métropole.
Voici, par ailleurs, le détail des huit personnages qui se sont succédés aux commandes de la rédaction du Matin :
Edouard HEINZMANN-SAVINO, 1894-1895
Eugène LANDOY, 1895-1909
Raphaël LANDOY, 1909-1914
Georges LANDOY, 1921-1926
Félix DE ROY, 1926-1940
Willy KONINCKX, 1944-1949
Georges DESGUIN, 1949-1970
Pierre BEYER, 1970-1974
Enfin, les secrétaires de rédaction sont, au fil des années :
Ernest HENRION, 1894-1914
René VAN DER SCHOEPEN, 1918-1926
René VAN DER SCHOEPEN et Willy KONINCKX, 1926-1940
René VAN DER SCHOEPEN, Georges DESGUIN et Maurice PRUES, 1944-1949
René VAN DER SCHOEPEN et Maurice PRUES, 1949-1955
Walter VAN DER SCHOEPEN et Paul
DEHASSE, 1955-1966
Walter VAN DER SCHOEPEN, 1966-1974
La publicité est une source de revenus primordiale pour les journaux. Lanalyse du volume publicitaire dun quotidien peut, dans ce cadre, se révéler un excellent moyen de mesure pour connaître le type de public ciblé par celui-ci ou pour se rendre compte sil a un grand nombre de lecteurs.
Dans cette section, huit phases importantes du Matin se trouvent examinées sous cet angle (1894, 1909, 1925, 1932, 1939, 1954 ,1966, 1974). La comparaison à travers le temps est ainsi rendue possible. On perçoit dès lors plus facilement à quel moment le journal anversois commence à décliner au niveau publicitaire. Un déclin qui ne constitue dailleurs que le reflet du désintérêt du public à légard de la presse francophone de Flandre.
Par ailleurs, précisons que le terme générique "annonces" reprend ici toutes les publicités de type commercial ainsi que les petites annonces. Par contre, il ninclut pas les nécrologies, les avis de société ou les notifications relatives à des modifications détat civil (naissances, fiançailles, mariages).
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Rivart et Ruinart & Fourneaux (champagnes) ; Baron (chocolat) ; Richmond (cigarettes) ; Schmitz (horlogerie) ; Janssens (pianos) ; Institut de musique Painparé ; Gastuche (papeterie) ; Antwerpia (restaurant) ; La Baloise et Star Life (assurances) ; Bulcke & Co, Columbia belge, Norddeutscher Lloyd, Telegraaf (compagnies maritimes) ; Nurnberg (articles de sport) ; Au Corset Gracieux, Au Lilas (vêtements) ; Rover, Star, The Swallow (marques de vélos).
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Ricqlès (alcool de menthe) ; César (chocolat) ; Crédit Immobilier de Belgique ; Caisse hypothécaire anversoise ; Société de construction Voorwitzicht ; Boethelt, De Bruyn et Tietz (grands magasins) ; A La Providence, Au Tailleur Moderne, A La Vierge Noire (magasins de confection) ; Anthonis et Janssens (marchands de pianos), Dada et Sunlight (savons), St-Moritz-Les-Bains (station thermale) ; Bulcke, Canadian Pacific, Mail Steam Packet, Norddeutscher Lloyd (compagnies maritimes).
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Aristo (carrosserie automobile) ; Buick, Cadillac, Chevrolet, Fiat, Ford, Minerva et Oldsmobile (marques de voitures) ; Indians (motos) ; Jubilé et Six (cigarettes) ; Canadian Pacific et Red Star Line (compagnies maritimes) ; Pathé (cinémas) ; LInnovation, Galeries St-Paul et Grands Magasins de la Bourse (grandes magasins) ; Cadum et Gibbs (produits de beauté) ; Electrolux (aspirateur).
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Au Bonheur des Dames, Aux Nouveautés, Vaxelaire-Claes et A lElégance Féminine (confection et lingerie) ; Clark (coton à broder) ; Le Mobilier dArt ; Minerva, Chrysler, Renault et Chevrolet (marques de voitures) ; Firestone (pneus) ; Kolster, Philco, SABA et SBR (récepteurs radio) ; Bell (téléphone) ; Kersten (bijouterie) ; Guinness (bière) ; Schweppes (boisson pétillante) ; Junkers (chauffage central au gaz) ; Compagnie Maritime Belge, Canadian Pacific et Red Star Line (compagnies maritimes) ; De Tollenaere (charbons) ; Sunlight et Lux (savons)
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Chrysler (marque de voitures) ; Texaco, Shell et Esso (essence et huile de moteur) ; Vichy-Celestins et Spa (eaux minérales) ; Porto (alcool) ; Aspro (aspirine) ; Epeda (matelas) ; Lux et Sunlight (savons) ; Pétrole Hahn (shampooing) ; Gibbs (lames de rasoir) ; Norge (cuisine au gaz) ; Bally (chaussures de luxe) ; A lEtoile Bleue (grand magasin) ; Red Star Line, Compagnie Maritime Belge, Black Diamond Lines, Agence Maritime Internationale, Canadian Pacific et N.Y.K. Lines (compagnies maritimes) ; Persil et Vigor (poudres à lessiver).
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Peugeot, Oldsmobile et Studebaker (marques automobiles) ; Goodyear (pneus) ; Esso (essence) ; Bosch (composants et matériels mécaniques) ; Banque dAnvers ; Union des Drapiers ; Spa et Chevron (eaux minérales) ; Pathé (cinémas) ; Williams et Gillette (rasoirs) ; Holland-America Lines, Compagnie Maritime Belge et South American Lines Limited (compagnies maritimes) ; Harpic (produit pour toilettes) ; Tide et Omo (poudres à lessiver) ; Geolux (peinture émail).
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Lafayette (cigarettes) ; Martini (apéritif) ; Loterie Nationale ; le Salon du Bâtiment ; Oranges dEspagne ; Mercedes, Saab et Rolls-Royce (marques automobiles) ; Kodak (matériel photographique) ; Swissair (compagnie daviation) ; A.M.I. Voyages (Agence de voyages) ; Van Meel (magasin de disques) ; Crédit Communal ; Aveling Barford (matériel de génie civil) ; Building Bureaux Climatisés (immobilier).
Principales publicités rencontrées (non-comprises les petites annonces) :
Union des Drapiers ; Audi, Ford et Citroën (marques automobiles) ; Loterie Nationale ; CGER ; Telerent (magasin tv-vidéo) ; Encyclopédie du Bricolage ; Georgia (couture) ; Riviera (piscines) ; "Le Journal dEurope" (publication hebdomadaire de Sobeledip destinée aux cadres, aux intellectuels et aux fonctionnaires des institutions internationales qui disparaîtra en septembre 1974).
Létude des données reprises dans les tableaux développés ci-dessus amène à plusieurs conclusions majeures :
Premièrement, il paraît évident que lExposition Universelle de 1894 a autorisé un garnissage publicitaire intéressant des colonnes du Matin. Chaque jour, une pleine page au moins (la page 4) est ainsi attribuée aux publicités et aux petites annonces. Ensuite, au fur et à mesure de son implantation dans les foyers francophones dAnvers, Le Matin devient plus populaire auprès des annonceurs de tous poils. Les publicités commerciales se dénombrent alors par dizaines, comme les petites annonces. Elles se déploient généralement sur trois à quatre pages. Cest lâge dor du journal sur le plan publicitaire (avec une moyenne tout à fait respectable de 26,3 % dannonces en 1909, de 25,3 % en 1925 et de 24 % en 1932).
Deuxièmement, on perçoit que la perte en volume publicitaire du Matin se fait sentir dès avant la deuxième guerre mondiale. Lorigine de cette perte qui, par la suite, va toujours saccentuer jusquà la disparition du journal semble donc bien être le processus de flamandisation entamé avec les lois linguistiques de 1932. Car de cette flamandisation de la population est née une carence de lecteurs et, en conséquence, une perte de confiance des annonceurs de toutes sortes. On rencontre 16,6 % de publicité sur la surface totale en 1939, contre 24 % en 1932. Le déclin, avec cette différence de près de 8 %, est palpable...
Troisièmement, cest dans sa période Rossel que Le Matin touche le fond au niveau de sa masse publicitaire. Celle-ci natteint même plus les 10 % le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi. Certains jours (le mardi 5 mars 1974 par exemple), il ny a même plus une seule "réclame" commerciale tandis que la rubrique des petites annonces se réduit fréquemment à sa plus simple expression. On se trouve loin de labondance des quarante premières années. Seules les éditions du week-end (23,5 % dannonces en 1966, 16,9 % en 1974) et du mercredi (23,3 % en 1966, 20,5 % en 1974) compensent en partie ce manque à gagner, mais cela reste nettement insuffisant. La disparition dun quotidien doté, en 1974 (semaine du 4 au 10 mars), dun volume publicitaire moyen de 7,4 % (moins quen 1894 !) nest dès lors pas tellement étonnante.
Enfin, attardons-nous au type dannonces qui orne les pages du Matin. Le journal anversois conserve pour cible déclarée le bourgeois issu dune classe moyenne disposée à soffrir des objets coûteux. Ce fait transparaît de façon claire lorsquon parcourt les principales publicités rencontrées à chaque étape. Elles sadressent en majorité à un public relativement aisé, quelles traitent de voitures aux marques prestigieuses (Rolls-Royce, Chevrolet, Cadillac) ou de produits de luxe (piscine, vêtements de confection, bijous, champagne, alcools, chaussures, chocolat, produits de beauté). Par ailleurs, laspect portuaire de la ville dAnvers demeure également bien présent à travers les publicités régulières de compagnies maritimes.